Un cimetière mérovingien à Mortagne-sur-Sèvre

Patrimoine

Une équipe de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) est intervenue fin 2020 à Evrunes. Prescrite par les services de l’État (Drac des Pays de la Loire), dans le cadre de l’aménagement du lotissement Bel-Air 3, l’opération a permis de fouiller une surface de 1370 m2. Les archéologues ont mis au jour des vestiges du haut Moyen Âge, et principalement un petit ensemble sépulcral comprenant 99 tombes datées des VIe-VIIe siècles de notre ère.

L’ORGANISATION SPATIALE DU CIMETIÈRE

Les sépultures sont disposées selon deux directions principales : est/ouest ou nord-ouest/sud-est. Indépendamment de leur orientation, la densité des fosses est plus forte au centre de la zone fouillée. Les tombes sont organisées en rangées parallèles et les recoupements de sépultures sont rares. On peut imaginer qu’il y avait des allées de circulation entre les rangées et probablement des marqueurs au sol (stèle, cailloux ou encore gravier, cendre, etc.). Ces éléments ont malheureusement disparu au cours des siècles. Dans quelques rares cas, les archéologues ont constaté une ré-ouverture volontaire des tombes, cette pratique consistant à inhumer un second défunt auprès du premier. Le délai entre les deux enterrements peut varier de quelques jours à plusieurs années. Ce geste funéraire particulier témoigne de la volonté de regrouper dans la tombe deux défunts (fratrie directe ou famille élargie) et implique, quelle que soit la durée entre les deux enterrements, que la sépulture soit restée visible et bien identifiée.

DES SARCOPHAGES EN CALCAIRE COQUILLER POUR DES DÉFUNTS PRIVILÉGIÉS ?

L’étude du cimetière médiéval de Mortagne-sur-Sèvre interroge le statut social de la population enterrée. Si la plupart des défunts sont inhumés simplement en pleine terre, avec éventuellement des systèmes de calage, un petit groupe a bénéficié de pratiques funéraires spéciales. Ainsi, une quinzaine d’individus, des adultes pour l’essentiel, ont été enterrés dans des sarcophages trapézoïdaux, en calcaire coquiller dont la provenance n’est pas encore déterminée. Ces sarcophages sont répartis sur l’ensemble de la zone sépulcrale, mais absents de l’extrême sud-est du cimetière. Ils témoignent d’un statut social particulier des personnes inhumées.
Rare découverte, les archéologues ont mis au jour une tombe double, renfermant deux sarcophages côte à côte, dans un même creusement, ce qui signe une inhumation simultanée. Bien que parfois observée dans les cimetières tant antiques que médiévaux, cette pratique peu courante est inédite pour la région.
Aucun mobilier funéraire d’accompagnement n’a été retrouvé dans les tombes, à l’exception d’un lot d’épingles en alliage cuivreux, identifié dans un sarcophage renfermant le corps d’une femme. Regroupées au niveau de la tête, elles composaient probablement un élément de parure de cheveux ou encore de linge couvrant ceux-ci.

Le chantier de fouille s’est achevé en décembre 2020, une phase d’analyse et d’étude des données démarre maintenant. Les recherches permettront de préciser une part de l’histoire médiévale de Mortagne-Evrunes au travers de sa population inhumée.